Nairobi, 26 avril, 2025 / 9:52 PM
Sœur Jane Joan Kimathi a rencontré pour la première fois le pape François en 2015, alors que le Saint-Père préparait son tout premier voyage en Afrique en tant que pontife, en commençant par le Kenya.
Lors d’un bref échange avec le pape François, la religieuse kényane, membre de la Congrégation des Sœurs pour la Communauté Chrétienne (SFCC), a perçu un vif intérêt du Saint-Père pour apprendre quelques phrases en kiswahili, la langue parlée par la majorité des Kényans.
Le pape François a confié à Sœur Jane qu’il souhaitait saluer les Kényans dans leur propre langue. Elle lui a donc enseigné quelques expressions. Elle se trouvait à Rome pour un événement consacré aux migrants et aux réfugiés. Cet échange avec le pape François, se souvient Sœur Jane, reste gravé dans son cœur.
« Ma première rencontre personnelle avec le pape François a eu lieu en 2015, avant sa visite au Kenya. Nous nous sommes rencontrés lors d’un rassemblement pour les migrants et les réfugiés. J'ai eu l'immense grâce de lui serrer la main », a-t-elle déclaré à ACI Afrique le mercredi 23 avril, quelques jours après le décès du pape François.
Sœur Jane, qui est directrice des programmes du Réseau Panafricain de Théologie Catholique et de Pastorale (PACTPAN), se souvient encore : « Il a souri et m'a gentiment demandé de lui apprendre quelques mots en kiswahili, disant qu'il voulait saluer les Kényans dans leur propre langue lors de sa visite. Plus tard, je lui ai écrit un petit mot en kiswahili contenant un salut et des mots de remerciement. »
« Ce petit échange, aussi simple que significatif, reste gravé dans mon cœur. Il m'a rappelé son humilité, son amour sincère pour les personnes en mouvement, et son désir de les accompagner en vrai pasteur », a-t-elle ajouté.
Dans un hommage émouvant au pape François, la responsable de PACTPAN décrit le défunt Saint-Père comme « un défenseur infatigable des marginalisés » qui a touché de nombreuses vies, en particulier celles vivant aux périphéries.
Dans son hommage, Sœur Jane évoque aussi l'affection profonde que le pape François portait aux religieuses, réaffirmant sans cesse leur rôle de mères, de sœurs, de guérisseuses et de prophètes dans un monde blessé.
« Il nous appelait à être audacieuses, à aller aux périphéries, et à être des signes vivants de la tendresse de Dieu dans les endroits où elle est la plus absente », a confié la religieuse kényane membre des SFCC à ACI Afrique.
Dans son hommage, elle exprime l'espoir que le Saint-Père, qui sera inhumé le 26 avril, restera « une lumière guide » pour l'Église au service des plus démunis.
Voici le texte complet de l’hommage de Sœur Jane au pape François :
Le pape souriant est parti. Pourtant, sa mémoire ne vit pas dans les grands édifices du Vatican ni dans les villes qu'il a visitées, ni dans les discours grandiloquents, mais dans les visages et les cœurs de ceux qui vivent aux périphéries de l'Église et aux marges de la société.
La nouvelle du décès du pape François transperce mon cœur de tristesse. Sa disparition laisse un vide immense non seulement dans l'Église universelle, mais aussi dans le cœur de ceux qui voyaient en lui un vrai pasteur et un père spirituel. Pour beaucoup d'entre nous, notamment ceux qui ont eu la grâce de le rencontrer personnellement, cette perte est à la fois profondément personnelle et spirituelle.
Une profonde affection pour les religieuses
Un souvenir personnel qui m’accompagne toujours et guide ma vie spirituelle vient d’un message du pape François donné au début de son pontificat, lors de la Journée de la Vie Consacrée en 2014. S’adressant aux religieuses, il disait : « Une religieuse devrait passer au moins 30 minutes chaque jour à dire à Jésus combien elle l’aime. » Cet appel simple mais profond a façonné ma vie de prière. Il me rappelle qu’avant tout ministère ou toute mission, notre plus grande vocation est l'amour — un amour intime et joyeux pour le Christ. C’est cet amour qui donne sens à notre service, profondeur à notre consécration et feu à notre engagement envers les pauvres et les marginalisés.
Le pape François avait une place spéciale dans son cœur pour les religieuses. Il a affirmé notre rôle de mères, de sœurs, de guérisseuses et de prophètes dans un monde blessé. Il nous appelait à être audacieuses, à aller vers les périphéries, et à incarner la tendresse de Dieu là où elle fait le plus défaut. Ses paroles n’étaient jamais de simples instructions : elles étaient des invitations à vivre l’Évangile avec une authenticité radicale.
Il voyait et valorisait la contribution unique des religieuses, qui naviguent quotidiennement entre foi, culture et justice. Il a donné de la voix à nos récits, nos espérances et nos luttes, surtout dans le cheminement synodal, où nos voix ont été entendues, respectées et intégrées au cœur de l'Église.
Cette citation du pape François : « Vous êtes des femmes de l’Église… féminines, comme Marie. C'est votre place. Être Église, former l'Église, être avec Jésus, avec tendresse, pour accompagner l'Église et l’aider à grandir », est pour moi un message profondément réconfortant et valorisant. Elle me dit que je ne suis pas en marge de l’Église ; je suis l’Église. Comme Marie, ma féminité n’est pas secondaire, mais sacrée et centrale. Ma culture, ma foi, et ma présence sont vitales pour le cœur et la vie de l’Église.
Il fut un défenseur infatigable des marginalisés, notamment des migrants et réfugiés, qu’il portait au plus profond de son cœur.
En l’honneur du pape François, je renouvelle mon engagement à la prière
Ma première rencontre personnelle avec le pape François eut lieu en 2015, avant sa visite au Kenya. Nous nous sommes rencontrés lors d’un rassemblement pour migrants et réfugiés. J’ai eu l’immense grâce de lui serrer la main. Il a souri et m’a demandé avec douceur de lui apprendre quelques mots en kiswahili, disant qu’il souhaitait saluer les Kényans dans leur langue. Plus tard, je lui ai écrit un petit mot en kiswahili contenant un salut et des remerciements. Ce simple mais significatif échange reste gravé dans mon cœur. Il m’a rappelé son humilité, son amour sincère pour les personnes en déplacement, et son désir de les accompagner comme un véritable pasteur.
Face aux défis, il nous rappelait de garder notre regard fixé sur notre mission. Ces paroles me réconfortent, notamment dans les moments de résistance ou d'invisibilité. Elles me rappellent que mon service désintéressé, bien que souvent caché, porte la force de l’amour du Christ. Son encouragement m’aide à rester enracinée, constante et joyeuse dans ma vocation.
Ce qui demeure en moi aujourd'hui, dans le deuil, ce n’est pas seulement son sourire ou ses paroles, mais l’héritage de son amour — un amour à l’image du Christ : compatissant, humble et courageux. En son honneur, je renouvelle mon engagement à la prière, à la vie communautaire et à la justice, particulièrement en faveur des marginalisés. Comme il nous le rappelait souvent : « Laissez-vous aimer par Jésus. » Plus que tout, c’est ce qu’il incarnait — un berger qui s’est laissé aimer et qui a appris au monde comment aimer à son tour.
(L'histoire continue ci-dessous)
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En réfléchissant au décès du pape François, nous sommes rappelés que son héritage ne réside pas dans les grands bâtiments ou les discours éloquents, mais dans les innombrables vies qu’il a touchées, particulièrement celles vivant aux marges. Sa vie fut un témoignage vivant de ce que signifie aimer comme le Christ : de manière désintéressée, humble et radicale.
Le pape souriant n’est plus parmi nous mais…
Bien que le pape souriant ne soit plus avec nous, son esprit continue de vivre en chacun de nous qui portons son message en avant. Dans nos ministères, dans notre service et dans notre espérance, nous sommes appelés à poursuivre son œuvre — apporter la guérison là où il y a douleur, la justice là où règne l’oppression, et l’amour là où il y a division.
Le pape François sera toujours une lumière guide, et en son honneur, nous restons engagés à suivre le chemin qu’il a tracé pour nous : marcher dans l’amour, vivre avec compassion, et bâtir une Église qui embrasse tous.
Que sa mémoire continue de nous inspirer à aimer avec audace et à servir avec fidélité, nous rappelant toujours ces paroles qu’il aimait répéter : « Laissez-vous aimer par Jésus. » Car c’est dans cet amour que nous trouvons notre force et notre but, et c’est à travers lui que nous sommes appelés à transformer le monde.
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